Ce mémoire propose d’évaluer les effets du traitement de reconstruction posturale sur une série de cinq patients souffrant de lombalgies chroniques.
Selon l’hypothèse de la reconstruction posturale, des désordres toniques, en provenance des centres supérieurs régulateurs du tonus postural, seraient à l’origine de certaines algies, dysfonctions et dysmorphies de l’appareil locomoteur.
Elle postule que la lombalgie serait due à un désordre tonique de la chaîne antérieure des lombes, en particulier des muscles ilio-psoas. Un antagonisme tonique dans le plan sagittal entre la chaîne antérieure des lombes et la chaîne postérieure est également évoqué.
Compte tenu des effets pathogènes attribués à l’hypertonie, normaliser le tonus musculaire de la région lombaire s’impose comme principe thérapeutique, en réajustant l’activité des centres nerveux régulateurs du tonus postural. L’outil thérapeutique commun à toutes les manoeuvres utilisées est appelé l’induction normalisatrice. Il s’agit d’une succession chronologique de deux phases : l’aggravation transitoire d’une dysmorphie et la réduction de cette dysmorphie.
Un bilan morphologique permettant d’identifier les dysmorphies est réalisé, ainsi que des tests spécifiques à la reconstruction posturale, permettant de mettre en évidence une hyperexcitabilité de la chaîne antérieure des lombes. Les dysmorphies et le déficit de passivité des fléchisseurs de hanche identifiés vont être utilisés pour l’élaboration de la stratégie thérapeutique, et comme moyen d’évaluation de l’efficacité des manoeuvres, ainsi que du traitement.
Ce bilan spécifique est complété par un bilan classique de physiothérapie. Plusieurs éléments qui permettent l’évaluation des différentes dimensions de la lombalgie chronique ont été sélectionnés. Ce sont l’anamnèse, le bilan des algies, l’évaluation de la mobilité du rachis lombaire, de la force-endurance des muscles fléchisseurs et extenseurs du tronc, l’examen neurologique, ainsi que les tests neuro-méningés des membres inférieurs. L’évaluation de l’incapacité fonctionnelle (Oswestry), de la qualité de vie (SF 36), et de la notion d’appréhension-évitement (FABQ) sont également réalisées.
Les évaluations sont faites en début de prise en charge, après 16 séances de reconstruction posturale, puis 3 et 6 mois après l’arrêt du traitement.
Les résultats en fin de traitement, chez ces cinq patients, mettent en évidence la diminution des algies lombaires, et de manière concomitante, la correction du déficit de passivité des fléchisseurs de hanche, ainsi qu’une résolution partielle des dysmorphies. Ils mettent aussi en évidence une amélioration de la mobilité du rachis lombaire, de la force des muscles du tronc, de la qualité de vie, une normalisation des examens neurologiques et des tests neuro-méningés des membres inférieurs, ainsi qu’une diminution de l’incapacité fonctionnelle et des conduites d’appréhension-évitement. Les résultats sont pérennes à 3 et à 6 mois après la fin du traitement.